Son excellence Mr Sidi Mohamed ould Cheikh Abdallahi président de la République a tenu hier à Rosso un excellent discours. Il a encourager toutes les populations mauritanienne à dorénavant, considerer que l'agriculture est le seul issu pour lutter contre la crise alimentaire. Lintégralité du discours du Président :
Le Président de la République, Monsieur Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, a adressé un appel pressant à tous les Mauritaniens pour qu'ils accordent un intérêt continu au développement de l'agriculture dans le pays et au rehaussement du niveau de la sécurité alimentaire dans un discours devant les populations du Trarza dont voici la traduction intégrale:Chers frères et sœurs Je voudrais tout d’abord, en mon nom et en le vôtre, souhaiter la bienvenue au gouverneur de la région de Saint Louis, venu représenter le Sénégal, pays voisin et ami. Qu’il veuille bien transmettre au Président sénégalais, Maître Abdoulaye Wade, l’expression de notre profonde gratitude et de notre sincère considération.
S’agissant de l’objet de ma visite, j’ai choisi d’être ici parmi vous aujourd’hui, en cette terre chérie, pour convier tous nos concitoyens, où qu’ils se trouvent, à s’investir pleinement dans la promotion de notre agriculture. Tous devront, dès à présent, mobiliser leurs énergies et conjuguer leurs efforts pour accroître la production agricole. C’est là un objectif majeur qui doit bénéficier, de votre part, de tout l’intérêt que cela mérite.Si je vous fais pareil appel, c’est que le contexte mondial dans lequel nous vivons est marqué, comme vous le savez, depuis quelques mois par une flambée excessive des prix des produits de première nécessité. Cette situation de renchérissement des denrées alimentaires est rendue encore plus délicate par les menaces de pénurie qui pèsent sur le monde. A titre d’exemple, aujourd’hui, quand bien même vous disposez de ressources financières suffisantes pour l’achat du riz, il vous sera difficile de vous en procurer sur le marché international parce que des pays exportateurs de cette denrée ont décidé de conserver leurs excédents pour pallier d’éventuels déficits alimentaires. Cette problématique est aggravée par d’autres facteurs enregistrés de par le monde, accentuant le déséquilibre entre l’offre et la demande des produits de base et entraînant, par voie de conséquence, la flambée des prix du riz ainsi que des autres denrées. C’est face à une telle situation, que nous avons élaboré le Programme Spécial d’Intervention dont vous suivez sans doute l’exécution avec grand intérêt. A cet égard, j’exprime toute ma satisfaction parce que, à l’heure où je vous parle, toutes les quantités de blé destinées aux différentes wilayas sont déjà disponibles sur place. Si leur distribution n’a pas encore commencé, c’est parce que la liste des bénéficiaires doit être préalablement établie, de manière à ce que la distribution se déroule dans la transparence et profite exclusivement aux groupes cibles. Nous avons donné des directives pour que cette opération s’achève en une semaine. S’agissant de Legouareb ou Rosso, -j’hésite entre ces deux appellations que j’accepte toutes les deux- les banques villageoises de céréales recevront, aujourd’hui même, les cargaisons qui leur sont destinées. Les personnes en charge de la vente de ces produits, choisies sur la base des critères de droiture et d’intégrité, entameront incessamment leurs activités au service des populations démunies.De même, toujours à Rosso, démarreront, aujourd’hui, les autres volets du Programme Spécial d’Intervention tels que Vivre contre Travail ou les opérations de distribution gratuite de produits au profit des populations les plus nécessiteuses.Ce Programme a également démarré hier dans plusieurs zones du pays, notamment à Nouadhibou où des cargaisons d’aliments de bétail sont déjà parvenues. Les dispositions sont prises pour ces opérations soient étendues, le plus rapidement, à l’ensemble du territoire national.Nous comprenons l’impatience des populations à disposer rapidement des services de ce Programme dont elles entendent parler mais nous savons aussi que ces mêmes populations manifestent l’exigence légitime de voir cette action conduite avec efficacité, transparence et équité, toutes conditions qui requièrent une parfaite préparation et la mise en place de mécanismes fiables d’exécution et de suivi qui garantissent que les opérations profitent effectivement à leurs véritables bénéficiaires.Toutes les dispositions sont prises pour que les aides parviennent à leurs destinataires Si par le passé, des aides ont été détournées, c’est le lieu pour moi de vous assurer que toutes les dispositions ont été prises pour que cela ne puisse plus se reproduire. Toutefois, si une entorse de la sorte arrivait à être constatée, ses auteurs seront publiquement dénoncés et seront exposés à toute la rigueur de la loi. Il faut, dès à présent, que tout le monde le sache.Je voudrais vous dire que le Programme Spécial d’Intervention se poursuit conformément au plan d’action élaboré à cet effet. Néanmoins sa réussite requiert votre appui ; appui qui doit se traduire, avant tout, par votre droiture et votre sens élevé de l’honnêteté. Si quelqu’un, par des voies frauduleuses, parvient à s’attribuer des quantités indues de vivres, il doit savoir que ce sont les siens qu’il a volés et non l’administration car les quotas de produits sont fixés pour chaque localité. Dans ce cadre, nous vous demandons de ne pas taire les irrégularités et de faire part aux autorités de tout manquement dans l’exécution de ce programme et ce, quel qu’en soient les auteurs.Nous avons ordonné aux autorités de nous tenir aussitôt informés de tous les dépassements enregistrés parce que nous sommes réellement soucieux de la réussite de ce Programme. Ces précisions étant faites, je considère que la réussite de cette action relève de la responsabilité collective. Chaque Mauritanien, quelle que soit sa position, en assume une part. Je ne souhaite pas que des manquements soient imputés aux citoyens et si jamais il arrive que des responsables commettent des irrégularités, je vous demande d’en informer aussitôt en vous assurant, à l’avance, que les mesures appropriées seront prises avec toute la diligence requise. Vous devriez savoir que ce programme ne peut pas, à lui seul, résoudre tous les problèmes auxquels le pays fait face. Il s’agit tout simplement d’une intervention ponctuelle destinée à répondre à des impératifs dictés par la conjoncture. Que ferons nous à l’avenir ? Allons nous nous résoudre à concevoir, chaque fois, des programmes périodiques et nous inscrire ainsi dans une spirale de demande constante d’assistance ? Non, nous ne saurions nous y résoudre.Loin d’être une solution radicale aux problèmes qui nous sont posés, le Programme Spécial d’Intervention n’est, en réalité, qu’une réponse provisoire destinée à alléger l’acuité des difficultés du moment. La solution durable consiste à exploiter le potentiel dont nous disposons En réalité, la solution durable consiste pour nous à exploiter le potentiel dont Allah nous a comblés. Nous disposons, comme vous le voyez, de terres cultivables, de ressources hydrauliques et d’une main d’œuvre suffisante. Pourquoi alors ne serions nous pas comme ceux là qui nous prêtent assistance à partir de produits générés à partir de potentiels similaires à ceux dont nous disposons. Si, pour une raison ou une autre, le gouvernement a mis du retard à affronter la problématique de la sécurité alimentaire, comme il se doit, les pouvoirs publics sont désormais résolument engagés sur la voie de l’autosuffisance alimentaire.Aujourd’hui, je viens vous dire que l’accroissement de la production agricole est à notre portée. Je ne vous demande, dans ce domaine, que des choses réalisables, pour lesquelles, comme je viens de le dire, nous disposons de tous les atouts.L’année dernière, grâce à des efforts de dernière minute du ministère de l’Agriculture et de l’Elevage, nous sommes parvenus à accroître notre production rizicole de 65% par rapport à l’année précédente. Ainsi, notre production est passée de 39.900 tonnes en 2006 à 61.450 tonnes en 2007.Cela prouve que nous disposons de larges perspectives de développement de notre production, aussi bien dans le domaine rizicole que dans les autres spéculations. Dans ce cadre, j’ai demandé aux promoteurs de s’orienter davantage vers la diversification agricole, particulièrement vers la culture du blé parce qu’il est établi que cette espèce culturale peut être développée chez nous, de façon rentable, en raison des caractéristiques de notre sol et de notre climat. Aujourd’hui nous produisons à peu prés 24% de nos besoins alimentaires, nous importons donc plus des deux tiers de notre consommation. Nous dépendons donc, en grande partie, de l’extérieur pour nos besoins alimentaires. En d’autres termes, nous sommes exposés aux fluctuations qui se produisent ailleurs et sur lesquelles nous n’avons aucune influence. Que ferons nous si demain le riz devient introuvable sur les marchés extérieurs ? Devant cette éventualité, nous n’avons d’autre choix que le développement de notre production agricole. En vérité, et je le redis, nous pouvons atteindre cet objectif. Il est à notre portée car un grand peuple comme le nôtre ne peut se résoudre à la paresse et se confiner indéfiniment dans l’assistanat. Nous ne pouvons accepter que nos citoyens continuent à tout attendre du gouvernement et que ce dernier se limite à solliciter l’aide extérieure. Cette situation devrait changer et c’est vous seuls qui êtes capables de le faire. Il importe que tous les Mauritaniens ensemble : gouvernement, administration, hommes d’affaires, agriculteurs, citoyens, fournissent les efforts nécessaires pour parvenir à un tel changement.Sur un potentiel de 140 mille hectares, seuls 20 mille ont été exploitésJe voudrais vous informer que notre pays dispose d’un potentiel cultivable de 130.000 à 140.000 hectares et que nous n’avons aménagé que 40.000 à 50.000 dont 26.000 hectares n’ont jamais été exploités.Pour l’année dernière, seuls 20.000 ha ont été exploités pour une production de plus de 60.000 tonnesPour ce qui est de l’agriculture pluviale ou de décrue, nous possédons 240.000 ha cultivables. Cela veut dire que nous disposons d’énormes potentialités dans les différents types de culture. Je voudrais donc que cet appel en faveur de l’accroissement de notre production agricole marque l’amorce d’une nouvelle dynamique dans ce secteur afin que notre production couvre, cette année, plus de 30% de nos besoins, étant entendu que le programme ambitieux que nous avons engagé vise un accroissement annuel de notre production céréalière, de manière à permettre la réalisation rapide de l’autosuffisance alimentaire. Comme je vous l’ai dit, il s’agit d’un impératif incontournable dont la réalisation suppose un changement des mentalités. A ce propos, je citerai ce vers de poésie qui me vient à l’esprit :« Il n’est de pire défaut chez l’homme autre que l’absence de perfection chez ceux qui en ont la capacité ». Il est vrai que celui qui ne s’investit pas pour réaliser ce dont il est capable doit être blâmé et assumer les conséquences de son inertie. Pour l’heure, vous devez savoir que l’Etat a décidé que toutes les personnes désireuses d’aménager ou de cultiver leurs terres soient éligibles au crédit agricole à hauteur de 60.000 ouguiyas par hectare, remboursables sur une période de trois ans. C’est là une facilité sans précédent. L’imagerie satellitaire pour le contrôle des opérations de mise en valeurAutre nouveauté, les ressources allouées au Crédit Agricole ont triplé cette année, passant de 1.200.000.000 UM en 2007 à 3.800.000.000 UM en 2008. De même, nous bénéficierons cette année des services de l’imagerie satellitaire qui permettront de contrôler la mise en valeur effective des périmètres agricoles et par conséquent de nous assurer de l’utilisation correcte des ressources consenties au titre du crédit agricole.Par ailleurs, un fonds a été créé afin d’indemniser les victimes des catastrophes naturelles.Au chapitre des emblavures, une vingtaine d’engins sera mobilisée pour aider les paysans dans les œuvres d’aménagement.Le crédit agricole que je viens d’évoquer financera également l’achat des intrants tels que les semences et les engrais.Les efforts consentis par les pouvoirs publics au cours de la précédente campagne et qui ont donné de bons résultats matérialisés par l’accroissement de la production, seront poursuivis, voire accrus, particulièrement au niveau de l’encadrement technique et de la lutte contre les prédateurs. En ce qui concerne l’agriculture sous pluie, 400 digues ou barrages seront construits et d’importantes quantités de grillages dépassant le volume habituel, seront distribuées pour protéger les différents types de cultures.J’aurai bien pu attendre deux à trois semaines, pour m’adresser à vous, au moment habituel du lancement de la campagne agricole, mais j’ai voulu précéder ce calendrier pour permettre à ceux qui hésitaient encore d’avoir le temps pour planifier les actions à entreprendre.Des directives présidentielles en faveur de la réussite de l’actuelle campagneNaturellement, avant de venir ici, j’ai rencontré tous les milieux concernés par l’agriculture, j’ai discuté avec les grands promoteurs du secteur chez qui j’ai trouvé un bon répondant. Je les ai informés sur les mesures incitatives que l’Etat a prises pour promouvoir la production et ils ont pris des engagements fermes allant dans ce sens. Je crois savoir que nous nous sommes entendus sur les différentes questions évoquées, c’est pourquoi j’ai bon espoir que tout ira bien. J’ai rencontré aussi les agriculteurs moyens auxquels j’accorde beaucoup d’importance car ils sont très attachés à la terre, j’ai discuté avec les autorités et les techniciens du secteur, je leur ai donné des directives en faveur de la réussite de l’actuelle campagne. J’ai demandé aussi à toutes les structures politiques de s’employer à ce dessein, car il serait absurde de politiser cette entreprise où il ne saurait être question de parler d’opposition ou de majorité. Il s’agit en effet d’une question de survie pour l’ensemble de nos citoyens. Ceux qui y participent ont le mérite de faire œuvre utile, qu’ils soient de l’opposition ou de la majorité. La pire des attitudes consiste à se complaire dans l’inaction et à se suffire de critiquer, dénigrer et de minimiser la portée de toute action. Je ne voudrai pas allonger mon propos, alors que certains m’écoutent sous le soleil. Je tiens à réitérer mon appel aux agriculteurs et propriétaires terriens afin qu’ils exploitent leurs périmètres. A tous, je dis qu’à partir de cet instant, il n’est plus question de laisser des terres aménagées en jachère. Cela veut dire que celui qui n’exploite pas entièrement son périmètre doit déclarer aux autorités la superficie qu’il ne met pas en valeur afin de permettre à celles-ci de l’affecter à d’autres personnes. Dans le cas contraire, le ministère procèdera, le moment venu, à son expropriation. Il faut que cela soit clair pour tous.Il n’est plus question de laisser des terres aménagées en jachère Je voudrai revenir au Programme Spécial d’Intervention pour vous entretenir de ses volets relatifs à l’élevage. Il importe de préciser qu’il existe deux catégories d’éleveurs : celle constituée de grands promoteurs du secteur disposant de moyens considérables, qui se doivent de payer les aliments de bétail aux prix du marché et qui ne doivent pas solliciter d’appui de la part des pouvoirs publics et celle constituée de citoyens moins lotis, disposant de quelques têtes de bétail pour des besoins de subsistance et qui méritent par conséquent d’être soutenus. C’est cette dernière catégorie qui est éligible à la vente des aliments de bétail subventionnés. J’appelle aussi tous les citoyens à cultiver, même dans un coin de leur concession. Chacun peut, ce faisant, contribuer à l’accroissement de la production agricole. Je me rappelle que, l’année dernière, je suis passé par une localité de l’intérieur où il y avait de l’eau et des pâturages et j’ai demandé pourquoi il n’y avait pas d’exploitations agricoles et on m’a répondu que les gens du bled avaient abandonné la culture des terres à laquelle les jeunes préfèrent désormais la recherche de travaux manuels en milieu urbain. En réalité, ceux qui embrassent de telles opinions s’acheminent immanquablement vers la mendicité.C’est pourquoi j’appelle tous les citoyens pour qu’ils fassent ce qui est en leur pouvoir afin d’accroître la production et d’encourager les autres à agir dans le même sens.Cet appel, je voudrais aussi l’adresser aux investisseurs nationaux et étrangers dont certains, au vu de l’intérêt que nous accordons à ce programme, nous ont exprimé leur disponibilité à nous aider. Aux investisseurs étrangers, je dirai que nous leur souhaitons la bienvenue parmi nous dans ce pays où les opportunités d’investissement sont nombreuses et où ils bénéficieront de toutes les facilités. Je convie également toutes les composantes de la société civile, les cadres, les intellectuels et les élites à s’impliquer dans la réalisation de ce programme.Nous n’avons d’autre choix que le développement de notre production agricole Je m’adresse aussi à tous les responsables et aux fonctionnaires afin qu’ils s’engagent cette année dans cette campagne et contribuent efficacement à sa réussite.Enfin, je voudrais souligner que la sécurité alimentaire, comme cela est cité dans le Saint Coran, constitue une préoccupation essentielle pour l’Homme.Je ne saurais dissocier, ici, la sécurité alimentaire de la sécurité du pays en général. A ce sujet, je voudrais vous rassurer que nous veillons jalousement à la sécurité des personnes et des biens. Vous avez certainement entendu parler d’incidents qui se sont produits récemment chez nous et qu’ont connu, avant nous, plusieurs pays.Si certains s’évertuent à établir un lien entre ce phénomène et un Etat ou une politique donnée, il y a lieu de souligner que de telles manifestations frappent des pays d’orientations politiques antagoniques. Dans ce domaine, le plus important est de ne ménager aucun effort pour lutter contre ces comportements marginaux. C’est le lieu pour moi d’adresser mes vives félicitations à nos forces de sécurité pour le professionnalisme avec lequel elles font face à ce phénomène et en particulier au cours des dernières semaines quand elles ont eu à poursuivre et à arrêter un groupe de jeunes égarés qui a dépassé toutes les limites.Il est vrai, notre pays, pour tolérant qu’il soit n’acceptera jamais que certaines limites soient franchies. Ceux là qui autorisent ce qu’Allah a frappé d’interdiction, qui naviguent à contre courant par rapport à leur société et à ses valeurs et qui transgressent les lois, doivent être mis hors d’état de nuire et se faire infliger les sanctions les plus sévères. Et c’est à cela que nous nous emploierons avec toute la fermeté requise. D’aucuns nous font le reproche de ne pas faire étalage de ce que nous entreprenons. A ceux là, je réaffirme que l’essentiel c’est qu’un travail soigné est accompli dans ce domaine, de manière à garantir la sécurité du pays, de ses hôtes et de tous ceux qui veulent s’y établir.« Et dis travaillez, Allah, son Prophète et les croyants jugeront de votre action ».Je vous remercie AMI
